Les trois arts du combats sont des arts martiaux traditionnels du Cambodge,
profondément enracinés dans l’histoire et la culture de l’Empire khmer.
Le Bokator et le Yutha Kun Khmer sont des discipline du Kun Khmer Boran, qui représente l'ensemble des arts martiaux traditionnels khmers.
Ces disciplines ne sont pas de simples techniques de combat,
mais de véritables symboles d’un héritage millénaire mêlant force, sagesse et spiritualité.
Le Bokator tire son nom du mot khmer "bok" qui signifie « affronter » et "ator" qui désigne le « lion ». Ensemble, cela signifie "affronter le roi des animaux sauvage".
Selon la légende, un ancien guerrier khmer aurait dû affronter un lion menaçant son village. Pour le vaincre, il aurait imité les mouvements d’animaux sauvages, donnant ainsi naissance à cet art martial inspiré des postures et comportements d’animaux comme le tigre, le serpent, le crocodile, et l’oiseau.
Le Bokator est apparu il y a plus de 2 560 ans (avant la naissance du Bouddha "Kassappa" et Bouddha "Konāgamana"), à l’époque où les soldats de l’Empire khmer protégeaient le royaume contre les envahisseurs. Cet art martial ancestral remonte à l’époque où les soldats de l’Empire khmer protégeaient le royaume contre les envahisseurs. Il était enseigné aux guerriers khmers pour leur permettre de défendre le territoire avec courage et stratégie, bien avant le règne du roi Jayavarman II.
Les gravures des temples d’Angkor, notamment à Bayon, témoignent de cette tradition guerrière, représentant des scènes de combats au corps à corps et l’utilisation d’armes.
Le Bokator ne se limitait pas à la force physique. Il était aussi un art complet, mêlant rituels spirituels, discipline mentale, respect des traditions ainsi que l'art du bouddhisme. Les combattants portaient des sampot (pantalons traditionnels) et un krama (écharpe nouée autour de la taille ou de la tête), symbolisant leur rang et leur engagement dans l’art martial.
Le Bokator est une discipline spécifique faisant partie intégrante du Kun Khmer Boran, l’ensemble des arts martiaux khmers traditionnels et ancestrales. Si le Bokator se distingue par ses techniques de combat ancestrales et son histoire liée aux guerriers de l’Empire Khmer, le Kun Khmer Boran englobe, quant à lui, une diversité de pratiques martiales, symbolisant la richesse et la profondeur de l’héritage khmer dans son ensemble.
Le Yutha Kun Khmer (ou Yutakhun Khmer) est une forme ancienne d’art martial khmer qui peut être considérée comme l’une des racines principales du Kun Khmer Boran, soit l'un des plus anciens systèmes martiaux du Cambodge. Cette discipline est enraciné dans la mythologie et les traditions spirituelles de l’Empire khmer.
Selon la tradition, le Yutha Kun Khmer aurait été transmis aux hommes par un ancien roi khmer, guidé par les dieux hindouistes et bouddhistes. Les guerriers khmers se seraient inspirés des mouvements des animaux pour développer des techniques de combat adaptées aux différents types d'ennemis et aux environnements variés.
La légende raconte également que les techniques du Yutha Kun Khmer étaient bénies par des prières et des rituels spirituels. Les guerriers pratiquaient des cérémonies sacrées pour invoquer la protection des divinités et renforcer leur courage avant de partir au combat.
Un des récits les plus populaires relie le Yutha Kun Khmer à un roi légendaire qui aurait défendu son royaume contre des envahisseurs à l’aide de ces techniques martiales. Ce roi, dont le nom est parfois associé à Jayavarman II, aurait utilisé une combinaison de stratégie, de combat à mains nues et d’armes traditionnelles pour repousser les ennemis et établir l’unité de l’Empire khmer.
La légende raconte que les techniques du Yutha Kun Khmer ont été développées en observant les mouvements des animaux dans leur environnement naturel. Par exemple :
Le tigre pour sa puissance et son agilité.
L’aigle pour sa précision et sa vision.
Le serpent pour sa fluidité et sa rapidité d’attaque.
L’éléphant pour sa force écrasante et son endurance.
Ces inspirations animales sont devenues les bases des postures et techniques utilisées par les guerriers khmers.
Historiquement, le Yutha Kun Khmer était enseigné aux soldats de l’Empire khmer pour défendre le territoire et s’adapter aux nombreux champs de bataille, incluant des techniques à mains nues et l’utilisation d’armes.
Toutefois, le Yutha Kun Khmer n’était pas seulement une méthode de combat, mais également une philosophie de vie car il englobe aussi l'art du bouddhisme dans sa pratique.
Il enseignait à ses pratiquants :
La discipline et le respect des traditions.
Le courage face à l’adversité.
L’importance de l’équilibre entre le corps, l’esprit et l’âme.
Les guerriers qui maîtrisaient le Yutha Kun Khmer étaient respectés non seulement pour leurs compétences martiales, mais aussi pour leur sagesse et leur dévouement à protéger le royaume.
Origine et Concept :
Le Yutha Kun Khmer est une discipline martiale plus globale qui inclut à la fois des techniques à mains nues, le maniement des armes (lances, épées, bâtons), ainsi que des stratégies militaires. Il vise une application polyvalente sur le champ de bataille, couvrant toutes les situations de combat.
Le Bokator, bien qu’il soit une discipline à part entière, est une composante du Kun Khmer Boran. Il se concentre principalement sur les techniques à mains nues, avec des postures imitant les mouvements d’animaux (lion, aigle, cheval, etc.), symbolisant l’esprit combatif et la finesse des arts martiaux khmers.
Portée Martiale :
Yutha Kun Khmer est plus large dans son approche, intégrant des techniques de défense personnelle, des attaques offensives, des combats avec et sans armes, ainsi que des rituels spirituels liés à la protection et à la discipline.
Bokator, quant à lui, se distingue par ses gestes codifiés et ses postures symboliques, offrant une approche plus technique et artistique.
Utilisation Militaire :
Yutha Kun Khmer était le système utilisé par les guerriers de l’Empire khmer, adapté à une stratégie de guerre.
Le Bokator, bien que martial, a évolué comme une discipline plus axée sur la performance, le sport, et la préservation culturelle.
Le Yutha Kun Khmer est bien plus qu’un simple art martial. Il est l’incarnation de l’héritage spirituel et culturel du Cambodge. Sa légende raconte que cet art martial a été conçu pour incarner à la fois la force, l’intelligence et le courage des guerriers khmers, inspirés par les divinités et les éléments naturels.
Aujourd’hui, bien que le Yutha Kun Khmer ne soit pas aussi connu que le Bokator ou le Pradal Serey, il demeure un symbole puissant de l’histoire et de l’identité khmères, rappelant l’époque où les guerriers protégeaient leur royaume avec bravoure et dévotion.
Le Kun Khmer Boran (Kun signifie « combat » et Boran « ancien ») est l’ancêtre direct de la boxe khmère moderne.
Cet art martial est plus ancien que le Muay Thai thaïlandais, avec lequel il partage certaines similitudes.
Utilisé dans les batailles et les affrontements, le Kun Khmer Boran était bien plus qu’un sport : c’était un rituel sacré.
Avant chaque combat, les guerriers exécutaient la danse rituelle "Kun Kru", un hommage aux maîtres et aux ancêtres, accompagné de prières pour la protection spirituelle. Ce rituel illustrait la profonde connexion entre les arts martiaux et la spiritualité khmère.
Le combat lui-même combinait des techniques de poings, de coudes, de genoux et de jambes. Le Kun Khmer Boran formait des combattants complets, prêts au combat rapproché comme au maniement des armes, tout en respectant des valeurs de loyauté et d’honneur.
Le Kun Khmer Boran, qui englobe l'ensemble des disciplines martiales khmères. Le Kun Khmer Boran est la terminologie générale pour désigner tous les arts martiaux khmers anciens, incluant :
Yutha Kun Khmer (approche globale et martiale).
Bokator (techniques à mains nues inspirées des mouvements d’animaux).
Pradal Serey (ancêtre du Kun Khmer moderne, ou boxe cambodgienne).
Techniques de combat armé : maniement de l’épée (kbach kun dambong veng), de la lance, et autres armes traditionnelles.
Le Kun Khmer Boran est ainsi un cadre englobant les disciplines martiales khmères, avec une richesse de styles et de techniques qui témoignent de la diversité de cet héritage.
Bokator : Une discipline spécifique et artistique, axée sur des mouvements symboliques et des combats à mains nues.
Yutha Kun Khmer : Approche globale et militaire des arts martiaux khmers, intégrant armes, stratégies et techniques à mains nues.
Kun Khmer Boran : L’ensemble des arts martiaux anciens du Cambodge, dont le Yutha Kun Khmer et le Bokator font partie.
Malheureusement, ces deux disciplines ont failli disparaître durant les périodes sombres de l’histoire cambodgienne, notamment sous le régime des Khmer rouges (1975-1979), où de nombreux maîtres d’arts martiaux ont été persécutés et tués. Cependant, des survivants ont préservé ces savoirs précieux, contribuant aujourd'hui à leur renaissance.
Depuis les années 2000, le Bokator connaît un renouveau, soutenu par des maîtres qui travaillent à le faire reconnaître comme un trésor culturel. En 2022, le Bokator a d’ailleurs été inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO, soulignant son importance historique et culturelle.
Le Kun Khmer Boran, quant à lui, continue d’influencer les combats modernes tout en conservant ses rituels et son respect des traditions.
Aujourd'hui, ces arts martiaux sont bien plus que des techniques de combat : ils sont des symboles de résilience, de fierté nationale et de transmission culturelle.
L’atelier Sor de Muka Theravadda invite chacun à découvrir et à pratiquer ces arts martiaux ancestraux dans le respect de leurs valeurs. C’est une occasion unique d’explorer la richesse de la culture khmère à travers la force, la discipline et la spiritualité de ses guerriers.